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Évaluation des espaces requis

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Valcourt. Musée de l'ingéniosité J.-Armand Bombardier

Source : Fab Labs Nation CC4.0-BY-SA

Le manque d’espace est souvent invoqué comme obstacle à l’implantation d’un laboratoire de création. Si une vaste superficie offre effectivement une grande liberté dans le choix des fonctionnalités offertes, il faut garder à l’esprit qu’il est tout à fait possible d’implanter un laboratoire de création dans un espace retreint. Certains choisissent même de n’affecter des locaux (une salle de réunion, par exemple) à un tel usage que pendant des plages horaires précises.

Le processus de conception ne sera évidemment pas le même si on adapte un lieu existant ou si on doit construire un nouvel espace. Mais dans tous les cas, il demeure que les besoins des usagers, les objectifs recherchés par la bibliothèque et les moyens à sa disposition détermineront les fonctionnalités qui peuvent ou non être offertes.

La conception et l’aménagement du laboratoire peuvent même constituer une occasion privilégiée de repenser plus largement la disposition des lieux et les fonctionnalités dans l’ensemble de la bibliothèque. À titre d’exemple, la mise en place du Square Banque Nationale, dans l’axe sud du niveau 1 de la Grande Bibliothèque, a permis de repenser l’espace et de relocaliser les bandes dessinées dans l’axe nord, où elles sont dorénavant plus en évidence, ce qui a entraîné une augmentation de la consultation.

Le principe fondamental qui doit guider la réflexion est celui de l’adaptabilité. Les installations d’un laboratoire doivent suivre de près les avancées technologiques, et il est évidemment difficile de prévoir, parfois même à court terme, la nature de cette évolution, et donc les espaces requis. Qui aurait pu penser, il y a à peine cinq ans, que les imprimantes 3D feraient une telle percée dans les bibliothèques? Il est ainsi essentiel que le lieu soit pensé en fonction d’une évolution potentielle des usages et des pratiques (selon le mode du bêta perpétuel[1]). Il est également recommandé de prioriser des espaces flexibles où il est facile de passer d’un type d’activité à un autre. Cette polyvalence permet de multiplier les usages du laboratoire et de contrer d’éventuelles limites spatiales[2].

Une diversité de fonctionnalités dans un même lieu

Le tableau suivant présente différentes fonctionnalités qui peuvent être envisagées. Cette liste n’est cependant pas exhaustive. À noter qu’il n’est pas nécessaire de couvrir toutes les fonctionnalités pour répondre adéquatement aux besoins des usagers, et que certaines fonctionnalités peuvent occuper un même espace, simultanément ou en alternance[3].

Tableau 1. Considérations liées à l'espace{{#subobject:|Est un tableau=1|Titre du tableau=Considérations liées à l'espace|Référence=1|Section=Évaluation des espaces requis }}

Fonctionnalité Description Considérations additionnelles
Accueil L’accueil doit permettre avant tout la réalisation de certaines tâches de bureau (le prêt d’équipement, par exemple). Il ne s’agit donc pas d’un comptoir de service au sens classique. Il ne doit surtout pas être envisagé comme le poste de travail des employés : ceux-ci doivent au contraire circuler au cœur des espaces afin d’intervenir auprès des usagers.
Activités de groupe Cet espace doit être flexible pour pouvoir accueillir différents types d’ateliers et d’activités. On prévoira de 20 à 30 places au moins si on compte offrir des ateliers à des groupes scolaires, avec au besoin un coin destiné à l’animateur, comprenant l’équipement nécessaire (surface de travail, poste informatique, écran et projecteur).
  • Les tables de travail doivent être faciles à déplacer (mobiles et basculantes) pour permettre de moduler le lieu selon le type d’activité.
  • Les activités peuvent se tenir dans l’espace réservé aux postes informatiques si ceux-ci sont des portables (faciles à retirer selon l’activité).
Postes informatiques Cet espace consacré aux projets informatiques (en solo ou en équipe) comporte des surfaces de travail assez grandes pour accueillir des ordinateurs et leurs accessoires (souris, clavier, haut-parleurs, etc.), des documents écrits et des effets personnels.
  • Cet espace peut être le même que celui réservé aux activités de groupe si les ordinateurs sont portables.
  • Il faut penser à inclure des mécanismes d’ancrage pour les ordinateurs portables et de nombreuses prises de courant.
Travail individuel ou en équipe L’espace est consacré ici au travail individuel ou en équipe, sans matériel informatique mais sur des surfaces de travail assez grandes.
  • Cet espace peut être le même que celui réservé aux postes informatiques si les ordinateurs sont portables.
  • On évitera les séparateurs qui divisent les tables et ne permettent qu’une utilisation individuelle des espaces de travail.
  • Il faut prévoir de nombreuses prises de courant et des mécanismes d’ancrage pour verrouiller certains équipements.
Rangement et entreposage Ce sont des étagères, des armoires ou des classeurs qui permettent de ranger le matériel de façon sécuritaire entre deux utilisations.
  • L’espace doit être verrouillé pour empêcher le vol du matériel, qu’il soit de petite ou de grande valeur.
Équipements spécialisés Cet espace fixe accueille les appareils spécialisés tels que les imprimantes 3D et les appareils de découpe au laser.
  • Il sera idéalement central et visible pour faciliter la supervision.
  • Certaines machines sont bruyantes, et leur localisation dans le laboratoire doit tenir compte de ce facteur.
  • Certains équipements nécessitent une ventilation particulière, qui doit aussi être prise en considération lors de l’aménagement des lieux.
  • Il peut être intéressant de localiser certains équipements le long d’une vitrine donnant sur les espaces d’usage général afin de susciter l’intérêt des visiteurs.
  • On doit évaluer si l’accès à certains équipements doit être contrôlé. Ce contrôle peut-il être fait à l’aide d’un boîtier sécurisé ou nécessite-t-il un lieu fermé? (Pour plus de détails, voir l’onglet Équipements.)
Enregistrement vidéo L’espace de tournage vidéo, qui peut inclure un écran vert, doit idéalement être assez grand pour permettre de filmer un plan moyen et comporter un éclairage adapté aux différents types de plans prévus.
  • Il est difficile de réduire l’espace consacré à cette fonctionnalité sans affecter la qualité des activités de tournage (le manque de profondeur empêche une bonne mise au point).
  • Plutôt que de consacrer une pièce trop petite à l’enregistrement vidéo, il est conseillé de miser sur la polyvalence et le partage de l’espace.
Enregistrement audio Cet espace consiste en un studio insonorisé pour l’enregistrement de musique, de baladodiffusions ou d’autres productions sonores. Dans une forme avancée, il peut être suffisamment grand pour accueillir plusieurs musiciens, leurs instruments et une console d’enregistrement.
  • Si la mise en place d’un tel espace n’est pas possible, l’enregistrement audio pourra se faire dans un espace polyvalent avec un ordinateur, des logiciels spécialisés et des accessoires d’enregistrement (micros, trépieds, écouteurs, etc.).
  • Dans un espace partagé, les bruits ambiants réduisent la qualité du résultat final, mais l’expérimentation restera enrichissante pour les usagers.
Détente et socialisation Cet espace permet aux usagers de prendre une pause, de se détendre et de socialiser entre eux.
  • Il s’agit d’un élément d’importance qui alimente les fonctions collaborative et ludique inhérentes aux laboratoires de création.
Jeu vidéo Cette section comporte des consoles de jeu et des écrans géants.
  • On peut la combiner à l’espace de détente.
Mise en valeur L’espace de mise en valeur des créations des usagers permet d’illustrer de façon concrète le type de créations réalisées sur place.
  • La mise en valeur peut être intégrée au poste d’accueil ou être faite en vitrine, à l’entrée du laboratoire ou le long d’un mur vitré, afin d’attirer les curieux et de susciter des interactions.
Vestiaire Il comprend des crochets ou des casiers où les usagers laisseront leurs manteaux et leurs effets personnels.
  • Si le vestiaire n’est pas surveillé et que les casiers ne peuvent pas être verrouillés, on indiquera clairement qu’il vaut mieux ne pas y laisser d’objets de valeur.
Projection vidéo Cette section peut comprendre un écran géant, un projecteur et de nombreux sièges permettant la tenue de différentes activités : visionnement des créations, soirée cinéma, tournoi de jeu vidéo (LAN party).
  • Cette fonctionnalité peut occuper le même espace que l’aire de détente ou l’espace de jeu vidéo.

Pour certaines fonctionnalités, dont l’enregistrement audio et vidéo, il est fortement recommandé de trouver des solutions créatives au manque d’espace plutôt que d’opter pour un espace trop restreint qui réduirait les possibilités d’utilisation et entraînerait des frustrations. La polyvalence et le partage des espaces sont à favoriser.

Par exemple, au Square Banque Nationale de BAnQ, on a installé un écran vert déroulable et un système d’éclairage au plafond, le long de la grille technique. Les usagers circulent normalement à cet endroit qui peut, au besoin, se convertir en plateau de tournage. Quand des usagers veulent tourner une vidéo, l’écran vert est déroulé et l’éclairage est activé. Les autres usagers doivent alors simplement contourner l’espace de tournage. Ce compromis n’est évidemment pas idéal puisqu’il ne permet pas d’insonoriser les lieux. Cependant, il est tout de même possible d’obtenir un niveau de bruit moins élevé par l’autorégulation des usagers.

Des ateliers de toutes les tailles : quelques exemples

Il est difficile de se projeter dans l’espace et d’imaginer comment peuvent y cohabiter différentes fonctionnalités. Cette étape est cependant fondamentale puisque la cohésion et la fluidité de l’offre en dépendent. Dans son Guide des laboratoires de fabrication dans les bibliothèques publiques[4], la Division du programme RAC de la Direction des bibliothèques de la Ville de Montréal s’est attelée à cette tâche complexe en colligeant de nombreuses informations afin de créer le tableau synthétique qui suit.

Voici également les caractéristiques physiques générales de trois laboratoires de création québécois, en date de juin 2017 :

Médialab de la bibliothèque de Sainte-Julie[5] Laboratoire de type Fab Lab à Brossard[6] Le Square Banque Nationale, à la Grande Bibliothèque[7]
  • 20 mètres carrés
  • 4 places assises
  • 4 ordinateurs portables
  • Postes spécialisés
  • Équipement de production sonore et musicale
  • Équipement de production photo et vidéo
  • Machines-outils de fabrication : appareil de découpe de vinyle, imprimante 3D, numériseur 3D, presse à chaud
  • 105 mètres carrés
  • 32 places assises
  • 4 postes informatiques
  • 6 ordinateurs portables
  • Surface de travail flexible (travail individuel ou d’équipe)
  • Postes spécialisés
  • Machines-outils de fabrication : appareil de découpe au laser, appareil de découpe de vinyle, fraiseuse numérique, presse à chaud, brodeuse numérique, imprimantes 3D, numériseur 3D, presse à macarons, tableau interactif, appareil de découpe pour papier et carton, trousses électroniques, outils de programmation robotique, outils traditionnels
  • 175 mètres carrés
  • Poste d’accueil
  • 6 postes informatiques fixes
  • 21 ordinateurs portables
  • Aire de travail individuel ou en équipe
  • Aire de travail sans ordinateur
  • Coin détente et jeu vidéo
  • Aire d’activités de groupe (travail individuel ou en équipe)
  • Postes spécialisés
  • Équipement de production sonore et musicale
  • Équipement de production photo et vidéo
  • Machines-outils de fabrication : imprimantes 3D, numériseur 3D
  • Vestiaire


Un laboratoire de création sans local permanent

Certains choisissent de ne déployer que de temps à autre leur laboratoire de création, dans des lieux normalement réservés à d’autres usages (salle de réunion, salle de conférence, etc.). Une telle stratégie impose certaines conditions :

  • De l’équipement entièrement portatif;
  • Un espace d’entreposage adéquat;
  • Des étuis et des protections pour tous les appareils fragiles.

Quelques institutions, dont la bibliothèque publique de Toronto, misent également sur des laboratoires mobiles permettant d’offrir des ateliers dans les différentes bibliothèques de leur réseau. Cette stratégie a l’avantage de combler les besoins des établissements qui n’ont pas les ressources ou la superficie requises[8], ou dont l’intérêt de la clientèle ne justifie pas une installation permanente : la tenue d’activités ponctuelles à l’aide d’une « trousse techno mobile » peut alors s’avérer une offre parfaitement adaptée aux besoins. La trousse techno n’est cependant pas autosuffisante; elle ne connaîtra pas un grand succès si aucun accompagnement des usagers n’est planifié. Il faut donc se demander si un formateur – un médiateur compétent, qui peut être un employé de la bibliothèque ou un consultant invité – accompagnera l’équipement dans ses déplacements. Il faut aussi voir qui prendra en charge le transport et l’installation du matériel.

Si chaque bibliothèque qui accueille la trousse gère elle-même la structure de médiation qui l’entoure, il est important de mettre en place un système d’identification et de repérage des différentes pièces contenues dans la trousse, afin d’assurer le transfert intégral d’un établissement à l’autre. À cette fin, il est crucial de développer des procédures d’installation qui soient simples à communiquer ainsi que des protocoles d’utilisation et de présentation des technologies à l’intention d’animateurs non spécialistes.

Notes

  1. Voir la section Centré usagers
  2. Pour plus de détails sur les questions de polyvalence, de flexibilité et d’adaptabilité, voir Comité d’idéation du projet Saint-Sulpice, BAnQ Saint-Sulpice — Un projet de bibliothèque-laboratoire — Rapport final du Comité d’idéation du projet Saint-Sulpice, op. cit., p. 21-24.
  3. Des fiches techniques de plusieurs de ces fonctionnalités se trouvent sous l’onglet Autres documents, dans Benjamin Bond, Médialab BAnQ — Composantes du volet physique du Médialab, op. cit. La description des fonctionnalités y est de nature purement conceptuelle et a servi à alimenter la réflexion de BAnQ; l’aménagement du Square Banque Nationale ne regroupe donc pas l’ensemble de ces fonctionnalités, celles-ci étant des options présentées au regard de l’espace disponible.
  4. Ville de Montréal, Guide des laboratoires de fabrication dans les bibliothèques publiques, op. cit.
  5. Ville de Sainte-Julie, « Médialab », Ville de Sainte-Julie, www.ville.sainte-julie.qc.ca/fr/338/Medialab (consulté le 20 juillet 2017).
  6. Bibliothèque de Brossard, « Fab Lab Brossard – À propos », Bibliothèque de Brossard, biblio.brossard.ca/fablab/a_propos/ (consulté le 20 juillet 2017).

  7. Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), « Médialab », Bibliothèque et Archives nationales du Québec, www.banq.qc.ca/services/services_professionnels/milieux_doc/ressources/medialab/ (consulté le 20 juillet 2017).

  8. Toronto Public Library, « Pop-Up Learning Labs », Toronto Public Library, www.torontopubliclibrary.ca/using-the-library/computer-services/innovation-spaces/pop-up-learning-labs.jsp (consulté le 20 juillet 2017).

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